La préservation des emplois actuels constitue, pour la part sociale, un noyau consensuel. En effet, en période de crise, l’industrie tend souvent à se consolider, entrainant la suppression de centaines de postes de travailleurs ou encore la révision à la baisse de condition de travail. Le secteur des forêts n’a pas fait exception à cette règle puisqu’entre janviers 2000 et 2008, il se serait perdu 11 700 emplois, seulement pour ceux en forêt et dans les scieries (CIFQ, 2007). Faut-il rappeler que 119 municipalités québécoises sont mono-industrielles forestières (CÉGFPQ, 2004; FQM, 2008, CIFQ, 2007).
Au-delà des chiffres, quelques solutions sont proposées pour remédier à la crise et redonner de l’emploi aux travailleurs. Pour l’industrie, les emplois reviendront avec la rentabilité, donc avec un soutien de l’État et une baisse des coûts d’approvisionnement et d’aménagement (AbitibiBowater, 2008; CIFQ, 2008).
Pour d’autres, le moment est venu d’innover et de transformer l’industrie, devenue non compétitive sur un marché à forte concurrence internationale pour des produits à faible valeur ajoutée (Solidarité rurale du Québec, 2008; Action boréale de l’Abitibi-Témiscaminque, 2008). Cette transformation, par un rationnement de l’industrie de première transformation traditionnelle, devrait dégager une marge de manœuvre pour octroyer des bois aux entreprises les plus innovantes. Cela pourrait aussi se faire par une diversification des modes de tenure, telle que la gestion de forêts par des communautés, ainsi qu’une gestion plus régionale des forêts. Cette régionalisation permettrait de prendre en compte les spécificités de chaque région, mais devrait être encadrée, transparente et concertée afin d’éviter des conflits potentiels.
Pour les syndicats et les transporteurs de bois, le souhait premier serait d’avoir un cadre juridique adéquat protégeant les travailleurs. Selon ces associations, sans cadre adéquat, il y a apparition du jeu du plus offrant et nivellement par le bas, puisqu’il y a un déséquilibre des rapports de force entre les aménagistes et les employeurs (CSN, 2008; FTQ, 2008; Association des camionneurs, 2008). De plus, la rémunération à forfait, entrainant des aménagements au plus bas coût, ne permettrait pas des pratiques sylvicoles professionnelles.
Aussi, plusieurs intervenants ont souligné qu’une reconnaissance accrue devrait être accordée aux travailleurs et professionnels, qu’ils soient en forêt ou en usines. Cette reconnaissance devrait être basée sur la confiance que ces derniers effectuent un travail honorable et de qualité. Selon plusieurs acteurs, cette confiance devrait s’exprimer par de plus grandes responsabilités et une reconnaissance des compétences (SASFQ, 2007a; CIFQ, 2008; OIFQ, 2008; CÉF, 2008b; Boisseau, 2008; Association des biologistes du Québec (ABQ), 2008).
En lien avec le désir d’un regain de confiance et de fierté, pour plusieurs acteurs, le Québec devrait investir davantage en éducation (SASFQ, 2007; ABQ, 2008; Boisseau, 2008). Parallèlement, l’éducation permettrait d’assurer une relève à la main-d’œuvre et aux professionnels actuels vieillissants.
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