NOTE: Article originalement diffusé sur le site du journal de l’Université de Sherbrooke (voir la version PDF).
Contrée des mythes, de l’or et des Incas, le Pérou recèle encore plein de surprises et attire toujours les regards. Mais le pays est en pleine phase de développement, et son environnement en subit bien souvent les conséquences néfastes. C’est donc dans une optique de coopération et dans la continuité des trois années précédentes que Guillaume Lefèvre et Jean-François Dallaire, étudiants à la maîtrise en environnement, ont réalisé leur stage dans ce pays où se côtoient modernité et légendes. En collaboration avec trois partenaires, le Carrefour de solidarité internationale à Sherbrooke, AYNI Desarollo et APDES au Pérou, ils ont réalisé un suivi environnemental d’une banlieue de Lima où la survie plus que la qualité de l’environnement est la priorité.
Dans le cadre de notre stage, Guillaume et moi sommes allés à Comas, une municipalité de la banlieue de Lima. Centre administratif et économique du pays, la capitale abrite plus de neuf millions d’âmes et, comme plusieurs mégavilles des pays en développement, ce sont les banlieues qui concentrent la pauvreté et la majorité des problèmes environnementaux.
À Comas, nous avons constaté le manque flagrant de services de collecte des ordures ainsi que des eaux usées. Ainsi, la grande majorité des gens jette ses déchets dans la rivière Chillón et dans diverses rues à proximité. Pour ajouter à cette problématique, une part importante de la population ne bénéficie pas du service de distribution d’eau potable. Par conséquent, les gens s’alimentent à même la nappe phréatique, contaminée par les eaux usées et les déchets.
À la lumière de ces observations, on pourrait croire que la situation est dramatique et sans issue. Cependant, le pays est en pleine période de transformation. De plus en plus, les désirs de la population et l’environnement sont considérés dans les processus décisionnels. Ces changements ne sont pas instantanés, ils se font petit à petit, mais les services s’améliorent, et on voit naître des aires vertes en plein cœur de la ville. C’est donc un espoir pour une ville meilleure qui apparaît tranquillement!
Quillabamba ou l’été éternel
Quillabamba, ville de l’été éternel, est située en plein cœur de la vallée sacrée des Incas, siège de l’incontournable Machu Picchu. Dernier point de civilisation avant la jungle, elle n’est alimentée que par une seule route en terre serpentant les montagnes andines. Mais il ne faut pas se laisser tromper! Que ce soit par son activité touristique en pleine croissance, l’exploitation de ses ressources forestières et minières ou encore la production équitable et biologique du café, il y a dans cette région un dynamisme à tout casser.
C’est donc, à l’instar de Lima, une région en mouvance. Cependant, à la différence de la capitale péruvienne, où les compétences abondent, ici à Quillabamba, comme dans la plupart des régions éloignées du monde, il y a un grand besoin de spécialistes. C’est dans cette optique que le Carrefour de solidarité internationale nous a signalé l’intérêt que pourrait avoir une visite de la région pour voir les projets de coopération que notre maîtrise pourrait y réaliser. Cependant, la volonté d’améliorer la gestion de l’environnement dans cette ville est incroyable, et les deux semaines dont nous disposions ne furent pas suffisantes, à notre humble avis! Mais qu’à cela ne tienne, nous avons tout de même déniché plusieurs très beaux projets, dont le plus fabuleux est la participation à la gestion d’une future réserve mondiale de la biodiversité.
En bref, Quillabamba et sa population nous ont laissé une image mémorable de force humaine et de volonté de changement. Voilà une preuve que le développement durable n’est pas qu’une belle théorie, mais peut être réellement appliqué!
La côte, la sierra et la selva
Bien sûr, dans un pays aussi merveilleux que le Pérou, nous n’avons pas que travaillé, nous avons aussi voyagé! D’ailleurs, ce serait une faute impardonnable d’écrire un article sur le Pérou sans parler de ses peuples et paysages. Je dis bien «ses» peuples et paysages, car le pays est scindé en trois parties complètement distinctes, soit la côte du Pacifique, la sierra et ses montagnes andines et la selva, magnifique forêt tropicale du plus grand bassin du monde, l’Amazone! Toutes ces zones présentent une diversité archéologique, biologique et culturelle époustouflante.
Synonyme de plages, de dunes et bien sûr, des premières civilisations du Pérou, la côte reste un incontournable. Aussi, malgré la saison des pluies, nous avons tout de même apprécié ses anciens temples Moches, l’une des premières civilisations du Pérou. La côte est l’endroit le plus peuplé du Pérou. Nous avons donc été étonnés du contraste entre les mythiques ruines et l’effervescence des villes modernes avoisinantes!
Lorsqu’on se déplace, ou plutôt lorsqu’on grimpe dans la sierra, on change non seulement de décor, mais aussi de culture. Aussi, dans ces lieux où nombreux sont les gens des Andes à ne parler que le quechua, langue des anciens Incas, nous avions l’impression de nous retrouver devant une culture intouchée par le temps. Ainsi, au travers de quelques mots d’espagnol, nous avons fini par comprendre : «Qu’est-ce que vous cultivez dans votre pays? Est-ce que vous avez du maïs, du blé… des ânes?» Avec ce peu de mots échangés, une forte appartenance envers l’humanité émana de nos êtres.
«La forêt vierge d’Amazone, siège de la plus importante biodiversité!» Juste à lecture de cette phrase, mon cœur de biologiste s’emballe! Ici, plus encore que dans la sierra, la communication est difficile. Plus qu’ailleurs, le moyen de transport dans la selva, c’est le bateau. Cela dit, la beauté de la vie dans ces lieux magiques, à l’état presque intact, vaut bien mille fois le temps nécessaire pour s’y rendre.
Avec son boom économique actuel, le Pérou est en pleine mouvance. Tout ce développement économique pourrait laisser croire que le vent de la modernité emportera ses richesses naturelles et culturelles. Cependant, les manières de faire changent. Durant notre séjour, nous avons constaté une réelle volonté d’améliorer la qualité de l’environnement, et ce, même si beaucoup reste encore à faire. De plus, malgré toutes ces tourmentes de l’innovation, le Pérou garde son identité propre. En tous cas, que ce soit par la côte, la sierra ou la selva, ce pays nous a charmés!
Laisser un commentaire