Histoire aux longs détours

L’exploitation des forêts est l’un des piliers fondateurs de la société québécoise. Il fut l’un des principaux moteurs du développement de la province depuis le début de la colonisation. Encore aujourd’hui, l’industrie des produits ligneux contribue à 4,9 % du produit intérieur brut de la province et la forêt est un lieu d’activité de plein air et d’utilisation de la faune pour 3,4 millions de Québécois (MRNF, 2008a; MRNF, 2008c) (MRNFP, 2004a). Autant dire l’encrage de la forêt dans le cœur des Québécois.

Mais au fil du temps, de l’évolution des comportements et des valeurs de la population, les gouvernements ont modifié les mécanismes de gestion des forêts. Ainsi, la meilleure manière de comprendre le système actuel et d’entrevoir l’avenir de la gouvernance forestière, c’est d’effectuer un survol du passé.

Préhistoire de la gestion des forêts

Avant la venue des premiers colons, les Autochtones occupaient de manière douce la forêt, qui représentait leur mère nourricière. Déjà modifiée par l’agriculture, la construction et le commerce des fourrures, l’exploitation des forêts s’accentua par le passage du régime français au régime britannique. Avec les débuts de ce dernier, commença l’exportation massive des pins et des chênes (CÉGFPQ, 2004).

Ainsi, jusqu’à la fin du XIXe siècle, la principale préoccupation du gouvernement était la perception des droits de coupe. Par ailleurs, ces derniers contribuaient grandement aux revenus de l’État (CÉGFPQ, 2004; MacKay, 1987).

La deuxième moitié du XIXe siècle vit naître le système des concessions. Ce mode de tenure octroyait de grandes étendues de terres publiques aux entreprises concessionnaires. En plus d’être les exploitantes, ces entreprises se voyaient aussi confier le rôle de gestionnaire, devant réaliser les inventaires, l’aménagement et la protection contre les incendies. Ce mode de tenure fut en constante expansion jusqu’à la fin des années 60 (CÉGFPQ, 2004).

Après la Deuxième Guerre mondiale, l’État s’aperçut que l’industrie sous exploitait certains territoires forestiers et qu’il y avait de nombreux conflits concernant les ententes de coupe (MRNF, 2008g). Les acteurs de la gestion forestière commencèrent à percevoir la nécessité d’une réforme du système de gouvernance et d’exploitation des forêts (CÉGFPQ, 2004; MRNF, 2008g; Minville, 1944). Ainsi, à partir de 1972, le gouvernement énonça la politique forestière du Québec. L’État passa du rôle passif de surveillant à un rôle plus actif (MacKay, 1987). Il commença à révoquer les concessions, et institua une société d’État pour développer les régions nordiques délaissées par l’industrie (Bouthiller, 2001).

Aussi, les années 70 virent la naissance de l’une des plus grandes institutions d’information du public en matière environnementale, le Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE). Depuis, cette instance informe la population et contribue à la sensibilisation des citoyens aux problématiques de l’environnement, dont celle de la gestion des forêts.